- austère
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• 1120 « âpre »; lat. austerus, du gr.1 ♦ Qui se montre sévère pour soi, ne s'accorde aucun luxe ou plaisir. Un homme austère. ⇒ puritain, rigoriste, sévère, sobre, spartiate, stoïcien. — Par ext. ⇒ dur, rigoureux. La vie austère d'un ascète. ⇒ ascétique. « Ses disciples menaient une vie fort austère, jeûnaient fréquemment et affectaient un air triste et soucieux » (Renan). Morale, règle, discipline austère.2 ♦ (Choses) (sans contenu moral) Triste et froid; sans ornement. ⇒ sévère. Cette robe est un peu austère. Un monument austère. ⇒ dépouillé, 1. froid, 1. nu. « Il n'y a qu'à voir ce dessin, tout à fait le style de Meidias en plus austère, en moins orné » (Sarraute).⊗ CONTR. Dissolu, voluptueux. Aimable, gai.Synonymes :- dur- puritainContraires :- dissolu- épicurienQui est dépourvu de tout ornement, de tout agrément ; sévèreSynonymes :- âpre- ascétique- dur- monacal- rude- sévèreContraires :- agréable- charmant- doux- plaisant- riantaustèreadj.d1./d (Personnes) Qui présente dans son attitude ou son caractère un penchant pour la gravité, la sévérité morale, la rigueur puritaine. Un moraliste austère. Ant. dissolu, hédoniste, libertin.d2./d (Choses) Dénué d'agréments ou de fantaisie. Un intérieur austère. Syn. rude, sévère. Ant. gai.⇒AUSTÈRE, adj.A.— Vx. [En parlant d'un goût, d'une saveur, d'un aliment] Qui n'a pas la douceur habituelle, désagréable par son âpreté. Le coing a une saveur austère (Ac. 1835-1932). Vin austère (Ac. 1798-1932).Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.B.— Au fig., cour.1. [En parlant d'un inanimé]a) [Concr.] Qui se caractérise par l'absence de fantaisie, de gaieté extérieure, ayant un aspect sévère, triste :• 1. ... De la Chine, je cinglai vers les Amériques. J'y voyageai plusieurs années (...) des grands bois austères du Canada aux riantes forêts du Brésil...O. FEUILLET, Scènes et comédies, 1854, p. 17.• 2. ... aux instants de silence, que Marino ne cherchait guère à rompre, les visages des convives devenaient de pierre, retrouvaient un instant le profil dur et le masque austère des vieux portraits de l'âge héroïque pendus aux palais d'Orsenna.GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 24.b) [Abstr.] Qui exclut toute facilité, toute fantaisie, présentant une grande rigueur. Religion, vertu austère; mœurs austères :• 3. Il est certaines âmes d'une nature fort délicate qu'il sera à jamais impossible de plier à ce sévère régime et à cette austère discipline.RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 51.SYNT. Devoir austère (Ac. 1835-1932). Mener une vie austère (Ac. 1798-1932).c) Spéc., dans le domaine artistique B.-A., LITT., MUS. Qui se distingue par l'absence de toute fantaisie, qui présente un aspect dépouillé. Genre, style austère (Ac. 1932) :• 4. ... la plus austère littérature, comme la plus libre, acceptait ces pimpantes fioritures [de l'art du XVIIIe siècle].L. HOURTICQ, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 266.2. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Qui se distingue par le rejet du superflu (luxe, plaisirs, fantaisies), en se limitant au strict nécessaire. Austères érudits :• 5. César (...) après mon temps d'école, abordant une profession sérieuse, je résolus d'adopter des habitudes et des goûts sérieux... Aujourd'hui l'habitué du Quartier Latin a fait place à l'austère docteur...E. LABICHE, Deux papas très bien, 1845, 12, p. 414.— [Avec une nuance péj.; en parlant d'une pers. ou d'un inanimé, attribut de la pers.] Qui manque d'affabilité, présente une réserve excessive :• 6. Après Madame Canning (...), une des doyennes était Madame Monique Maria Monica, personne très-austère, très-grave, que je n'ai jamais vue sourire et avec laquelle nulle ne se familiarisa jamais.G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 140.— Emploi subst. Personne rejetant tout superflu pour se contenter du strict nécessaire :• 7. Ainsi, je fus toujours ému d'une sorte de générosité naturelle, je hais l'hypocrisie des austères, l'étroitesse des fanatiques et toutes les banalités de la majorité.BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 185.PRONONC. — 1. Forme phon. :[
] ou [o-]. PASSY 1914, DUB. et Pt Lar. 1968 transcrivent l'initiale avec [o] fermé (cf. aussi les dict. hist.). PASSY note une durée mi-longue sur cette syllabe. Harrap's 1963 donne uniquement [
] ouvert. Pt ROB. et WARN. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. avec [o] fermé ou avec [
] ouvert. À ce sujet, cf. augmenter. Enq. :/
/. 2. Homon. : auster (vent du sud).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1220 « (en parlant de qqc.) sévère, grave, triste » (G. DE COINCY, Mir., ms Brux., f° 75c ds GDF. Compl. : Et menoit vie si austere); fin XIIIe-début XIVe s. « (en parlant de qqn) sévère, rigoureux, cruel » (Dialogue de Placide et Timéo ds Dict. hist. Ac. fr. t. 4, p. 482a); 2. XVe s. « qui a une saveur âpre » (Jard. de santé, I, 118 ds GDF. Compl. : Pommes aspres et austeres), ,,vieilli`` d'apr. DG.Empr. au lat. austerus 1 (d'une pers.) (CICÉRON, Pis. frg. 17 ds TLL s.v., 1559, 61); (d'une chose) cf. ST JÉRÔME, Epist., 121, 1, ibid., 1560, 26; 2 (CATON, Agr., 126, ibid., 1558, 64), lui-même empr. au gr.au sens 2 (HIPPOCRATE, 360, 3 ds BAILLY) au sens 1 (PLATON, Rsp., 398a, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 184. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 953, b) 2 611; XXe s. : a) 1 371, b) 1 144.BBG. — Gramm. t. 1 1789. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1814.austère [ostɛʀ; ɔstɛʀ] adj.ÉTYM. 1120; « âpre », XVe; lat. austerus, du grec austêros.❖———1 Gros vin noir et austère.———II Mod.1 Qui se montre sévère pour soi, ne s'accorde aucun luxe ou plaisir. || Un homme austère. || Un vieillard austère. ⇒ Ascète, dur, frugal, puritain, rigide, rigoriste, sévère, spartiate. — Par ext. Que cette sévérité rend triste, peu agréable à fréquenter. || Un compagnon austère.2 Un philosophe austère, et né dans la Scythie,Se proposant de suivre une plus douce vie (…)La Fontaine, Fables, XII, 20.3 Il est vrai qu'elle vit en austère personne;Mais l'âge dans son âme a mis ce zèle ardent,Et l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant.Molière, Tartuffe, I, 1.4 Combien voit-on de gens austères pour les autres, doux pour eux-mêmes !Flèchier, I, p. 196.♦ (Choses). Dur, rigoureux; empreint d'austérité. || La vie austère d'un ascète. ⇒ Ascétique. || Morale, règle, discipline austère. || L'austère sentier de la vertu. ⇒ Rude. || Une vertu austère. — (Sans contenu relig.). || Manières, sentiments austères. ⇒ Grave, rigide, sévère. || Abord, mine austère. || Affecter un air austère.5 Ces filles dont la vie est si pure et si austère (…)Pascal, les Provinciales, 16.6 Ces mœurs austères dont vous parlez sont proprement le caractère d'un sauvage et d'un farouche.Pascal, les Provinciales, 9.7 L'excès de son avarice et la manière austère dont il vit avec ses enfants.Molière, l'Avare, I, 1.8 (…) vous leur faites observer des jeûnes si austères (aux chevaux), que ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, ou des façons de chevaux.Molière, l'Avare, III, 1.9 (…) je n'ai point d'autres pensées maintenant que de quitter entièrement tous les attachements du monde (…) et de corriger désormais par une austère conduite tous les dérèglements criminels où m'a porté le feu d'une aveugle jeunesse.Molière, Dom Juan, V, 3.10 (…) elle (l'Antiquité) nous dira que ses plus célèbres philosophes ont donné des louanges à la Comédie, eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, et qui criaient après les vices de leur siècle.Molière, Préface de Tartuffe.11 Et parfois, n'en déplaise à votre austère honneurIl est bon de cacher ce qu'on a dans le cœur.Molière, le Misanthrope, I, 1.12 Pour moi, je suis peu fait à cet amour austèreQui dans les seuls regards trouve à se satisfaire.Molière, le Dépit amoureux, I, 2.13 Je conçois vos douleurs. Mais un devoir austère,Quand mon père a parlé, m'ordonne de me taire.Racine, Andromaque, III, 4.14 À l'austère devoir pieusement fidèle (…)Arvers, Sonnet.15 L'enveloppe austère et glaciale de Claude Frollo, cette froide surface de vertu escarpée et inaccessible, avait toujours trompé Jehan.Hugo, Notre-Dame de Paris, VII, 4.16 Ses disciples menaient une vie fort austère, jeûnaient fréquemment et affectaient un air triste et soucieux.Renan, Vie de Jésus, V.17 Mais un sourire tempérait ses propos les plus austères (…)Gide, Si le grain ne meurt, I, 5.♦ (En parlant d'une chose concrète). Qui est empreint d'austérité. || La cellule austère d'un trappiste. — Le style austère des bâtiments cisterciens.18 Il était laid. Des traits austèresLa main plus rude que le gant.Hugo, la Légende de la nonne.2 Par ext. (sans contenu moral). Triste et froid; sans ornement. ⇒ Sévère. || Cette robe est un peu austère. || Un monument austère. ⇒ Froid, nu.19 Il n'y a qu'à voir ce dessin (…) tout à fait le style de Meidias en plus austère, en moins orné (…)N. Sarraute, le Planétarium, p. 296.❖DÉR. Austèrement.HOM. Auster.
Encyclopédie Universelle. 2012.